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Michel Magosse - Robert Allgayer - Philippe Hotton
Congrès AFC 2014

J'ai connu Robert à mes débuts à l'AFC. Nos échanges n'ont pas toujours été "un long fleuve tranquille" surtout lors des réunions de bureau mais je l'appréciais beaucoup et j'espère que c'était réciproque.

Il a participé à tous les Congrès Cichlidés que nous avons organisés et Marie-Lou était bien entendu toujours avec lui.
Il manquera énormément au monde des cichlidés.

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Ph. Hotton
 



 

Robert Allgayer (1947-2020), par Martin Geerts (Traduction : Robert Mambourg)

 

Le 10 octobre 2020, Robert Allgayer, un des auteurs les plus hauts en couleur que la cichlidophilie ait comptés, s'en est allé.  Une attaque cardiaque l'a emporté à 73 ans, peu de temps après que les médecins l'aient déclaré guéri d'un cancer du poumon.  Malgré sa santé chancelante, Robert est resté actif jusqu'au bout dans le monde de la cichlidophilie, mais n'écrivait déjà plus pour l'AFC depuis quelques décennies.  Il fut longtemps vice-président de cette association, à laquelle il a rendu d'inestimables services dans le cadre de cette fonction.  Il fut en outre longtemps rédacteur en chef de la revue "Aquarama" et vice-président de la Fédération Française d'Aquariophilie.  C'était une personne aimable, dotée d'un grand sens de l'humour et toujours disposée à aider quiconque recherchait des références de littérature aquariophile.  Tous ces mérites devraient suffire à assurer à Robert Allgayer un souvenir reconnaissant, mais c'est hélas une autre raison qui lui a valu une large notoriété.

Au début des années '80, des cichlidophiles français pointus, tels que Jean-Claude Nourrissat, entreprirent différents voyages en Amérique Centrale.  Ils collectèrent des cichlidés en nombre d'endroits visités et, après consultation de la littérature disponible, arrivèrent à la conclusion que certains des poissons collectés n'étaient pas encore décrits.  Ils confièrent donc ces exemplaires appartenant plausiblement à de nouvelles espèces au Musée National d'Histoire Naturelle, à Paris.  Là, l'ichtyologue Jacques Daget les examina avec intérêt, mais comme ni lui, ni aucun de ses collaborateurs n'étaient spécialisés en cichlidés, son laboratoire ne put décrire ces nouvelles espèces.  Il proposa donc à Robert de les décrire lui-même.  Ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd, et c'est donc dans la revue de l'AFC que parurent plusieurs descriptions signées Allgayer, non seulement d'espèces, mais aussi de genres.

Toutefois, la revue de l'AFC n'est pas une publication évaluée et approuvée par la communauté scientifique, et beaucoup d'ichtyologues estiment que de nouvelles descriptions ne sont valables que si elles sont publiées dans de tels ouvrages.  Certains auteurs, scientifiques ou pas, rejetèrent dès lors la manière de procéder de Robert et furent suivis par nombre de spécialistes en cichlidés.  Robert fut donc publiquement critiqué à plusieurs reprises, mais sa réaction était toujours la même : "Die Hunde bellen, aber die Karavane zieht weiter" (Les chiens aboient, mais la caravane passe).  Il prononçait volontairement cette phrase avec un fort accent français, pour lui donner un côté comique, et mettait ainsi les rieurs de son côté.  Jamais je n'ai vu un détracteur y répliquer !

Quoi qu'il en soit, quand il s'avéra que les cichlidophiles français ne voulaient pas payer pour de nouvelles descriptions, Robert créa une nouvelle publication, "L'An Cichlidé", dans laquelle il publia, à côté d'articles d'autres auteurs, la description de l'espèce Vieja ufermanni, du genre Cryptoheros, et la redescription de Heros maculipinnis.  Il décrivit surtout des genres et espèces d'Amérique centrale, mais aussi d'Amérique du Sud et de Madagascar.  En 1985, il révisa en outre, avec son ami J. Colombé, le genre Lamprologus, donnant le jour à trois nouveaux genres : Neolamprologus, Variabilichromis et Palaeolamprologus.  Les deux premiers sont toujours valides, mais la liste des espèces qui y sont classifiées a été profondément remaniée. 

Il décrivit également Tomocichla asfraci, Paraneetroplus omonti, Theraps belone, Th. nourissati, Vieja argentea, Nannacara aureocephalus, Paretroplus menarambo et P. nourissati, révisa les genres Paraneetroplus et Theraps, créa le genre Lamena (aujourd'hui synonyme de Paretroplus).  En 1989, il introduisit le nom Therapsini, Allgayer, 1989 pour les tribus dont le genre Theraps fait partie.  Je pense que ce nom doit être utilisé en lieu et place de Heroini, Kullander, 1998, et que Rican et al., partagent largement mon avis dans le cadre de leur révision  des cichlidés d'Amérique centrale (Vertebrate Zoology 66 (1) : 1-102).

J'ai rencontré Robert au début des années '80 alors que nous collaborions tous deux à la création du "Catalogue of cichlid fishes", projet qui valut une grande notoriété à Alfred Ufermann.  Au cours de la préparation de cette publication, nous nous réunîmes à plusieurs reprises pour discuter de son avancement et philosopher sur les problèmes que soulevait la taxonomie des cichlidés.  Ces entretiens m'ont inspiré beaucoup de respect et d'affection pour lui.

Nous souhaitons à son épouse Marie-Lou beaucoup de force pour surmonter cette lourde perte.

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